Label : Kapitän Platte
Style : Post-Rock/Néo-Classique
Il y a des groupes qui composent des albums ressemblant à s’y méprendre à des bandes-son de films (existant ou non) et puis il y en a d’autres qui assument cette démarche jusqu’au bout en livrant des albums studio (ou live) qui ne sont rien moins que de véritables bande-originales de vieux films muets. C’est le cas de We Stood Like Kings, un quatuor bruxellois qui avait déjà commis en 2014 une œuvre baptisé ‘Berlin 1927’ et qui consistait en la BO du film Die Sinfonie der Großstadt du réalisateur allemand Walther Ruttmann datant de… 1927 et paru (le disque, pas le film…) par le biais du label indé Kapitän Platte (EF, Immanu El, The Hirsch Effekt…).
Les voici qui récidivent avec ‘USSR 1926’, autrement dit le score du film A Sixth Part of the World du cinéaste russe Dziga Vertov (ceux qui connaissent lèvent le doigt, il y a interro juste après…), toujours par le biais de la même crèmerie et serti d’une esthétique visuelle qui colle parfaitement à l’atmosphère de l’album. Enneigé et délicat, soyeux et porteur d’une intensité à fleur de peau en même temps que la puissance évocatrice de sa musique fait son œuvre. Evidemment cinématique et stimulant la narration que l’auditeur se fait des images que le groupe projette dans son esprit, entre envolées post-rock, circonvolutions néo-classiques de très haute volée. Pour un résultat d’une beauté diaphane et d’une élégance folle, à la fois raffinée et lumineuse (« Capital », « Downfall »).
‘USSR 1926’ est une véritable odyssée pour piano et guitare (l’ensemble restant exclusivement instrumental) à travers la « Siberian taïga », une œuvre épique et scintillante, aux très légères effluves progressives rapidement dominées par des climax où les deux instruments cités plus haut sont solidement appuyés par une section rythmique discrètement omniprésente (« Are you a master too ? »). A tel point que le résultat exalte un onirisme tantôt feutré, tantôt habité (« Kremlin », « Immense wealth »), invariablement enivrant… transcendant même, surtout lorsque les WSLK subliment leur musique au détour d’un émouvant « Caravans » voire d’un « Samoyedes » fleuve et languissant à souhait.
Voyage à travers les immensités de l’ex-toute puissance soviétique et même au-delà des frontières terrestres (« The black sea »), le deuxième album des Belges de We Stood Like Kings se révèle être un véritable petit bijou du genre, entre une myriade de mélodies arpégées qui pleuvent sur le clavier (« Volchovstroy ») et une belle collection de crescendo stratosphériques (« Icebreaker Lenin ») qui font pleuvoir les sentiments sur les enceintes, voici un disque rare et une découverte d’une classe absolue. A la fois soignée et d’une maîtrise formelle irréprochable, respectueuse de ses inspirations et dans le même temps très personnelle dans sa manière de s’approprier l’oeuvre originelle pour en proposer une lecture musicale qui réussit le tour de force de ce suffire à elle-même. Etourdissant.
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