Label : Southern Lord Recordings
Style : Blackened-Post-Hardcore/Grind/Crust/Metal
2012 et la sortie d’ ‘Agnus Dei’ suivie de quelques dates de concert semblait avoir scellé le sort du groupe et depuis lors, The Secret, figure de prouve d’un hard latin furieusement underground, n’avait plus donné signe à ses fans… pour finir par disparaitre un peu dans l’esprit de certains. Mais début 2018, c’est dans un… secret quasi absolu que les Italiens ont écrit puis enregistrer un EP composé de trois petits titres. Oui, pour un retour, c’est court et bien peu, mais le groupe arrive quand même à combler le manque en nous servant cette qualité sonore dont il maîtrise parfaitement le savoir-faire depuis le fabuleux ‘Solve & Coagula’ (2010, Southern Lord Recordings).
Le groupe poursuit l’oeuvre entamée avec ses efforts précédent – à nouveau avec l’appui du poids lourd Southern Lord (Earth, Nails, Sleep, Sunn O)))…) – en pratiquant un mélange de black métal teinté de passages grindcore voire hardcore. Autant dire qu’ils ne sont pas là pour placer des harmonies ou du prog’, surtout pas en confiant les trois compositions de ‘Lux Tenebris’ à l’hyperactif Kurt Ballou (Trap Them, Converge, All Pigs Must Die, Baptists, The Armed…) avant de faire réaliser le mastering par Brad Broatright (Nails, Iron Regan, Full Of Hell…), histoire d’être certains de proposer ainsi un disque à la sonorité lourde, massive et plus qu’efficace dans son rendu final.
C’est sur le titre « Vertigo » que débute le bal de l’horreur (en termes d’ambiance et pas de qualité) et dès le départ on comprend que The Secret a cherché à soigner les atmosphères de l’EP plutôt que de mettre directement les poings dans la gueule. Nous sommes alors plongé dans l’obscurité la plus totale, au coeur d’un véritable tourbillon sinistre et terrifiant, le tout appuyé par une véritable muraille de riff ambiant dopé à la Boss hm2 (tiens, tiens, le spectre de Dismember s’inviterait-t-il dans cette messe noire ?).
Suite à cette intro qui aurait pu séduire un Edgar Allan Poe de part sa noirceur infâme, place à « The Sorrowful Void » qui revient aux fondamentaux du groupe et ce qu’il sait faire de mieux : soit quelque chose de percutant presque à l’état de berseker immergé dans une furie sans limite. Un mélange bâtard entre black metal et grind pour un titre rapide et tranchant qui transpire la sueur et la colère, sur lequel Marco Coslovich vomi ses tripes à pleins poumons. Une titre d’une efficacité viscérale qui fait l’effet d’une montagne russe proposant une grosse envolé violente puis à mi-chemin plante un gros break l’emmenant vers une descente à sensation presque doom.
Après une telle décharge torrentielle, c’est sur « Cupio Dissolvi » que l’on s’apprête à quitter le champ de bataille mais avant tout, on s’attend à ce que The Secret donne tout pour en terminer. Les hostilités reprennent donc sur un schéma similaire mais ce qui en résulte donne quelque chose de plus compact, un peu comme une locomotive en surchauffe lancée à pleine vitesse mais flirtant néanmoins avec des mélodies donnant un peu de luminosité à cet effort par ailleurs très très noir. Un exorcisme aurait-il été réalisé entre-temps histoire que la bête de ‘Lux Tenebris’ s’offre un court moment afin de reprendre son souffle. Quoi qu’il en soit, c’est quand même dans le chaos que se termine l’EP, confirmant qu’après des années d’absence, le groupe est toujours dans la course : entre brutalité crasse et furie démentielle.
Mais bien que ce disque soit intéressant dans la forme comme dans le fond, quelques points faibles sont néanmoins à relever : dans un premier temps le mixage par trop abrasif voire même étouffé, le fait que le chant soit à peine audible par moment comme la batterie qui aurait gagné à être plus mise en avant. Puis le format choisi et ces seuls trois titres qui faute de temps et de moyen, rappelle que le groupe est encore en vie, même si on attend un véritable album. Quoiqu’il en soit, ‘Lux Tenebris’ ravivera quand même l’amour des fans et/ou du genre.