Label : Autoproduction
Style : Rock/Prog’/Stoner
’12’ : un titre pour le moins curieux mais un contenu imparable de bout en bout. Cinq pistes levant le voile sur un crossover électrique, outrageusement efficace, et quelque part à la croisée des chemins entre rock spatial très légèrement métallique, prog’ aventureux ou stoner instrumental, le premier contact avec The Kompressor Experiment est avant tout une question de chiffres. Un raisonnement de matheux qui ne va pas forcément nous quitter tant la musique de ce quartet suisse est une affaire de logique parfaitement calculée, d’art délicat de la précision mais évitant de verser pour autant dans quelque chose de trop cérébral.
Cela, les deux premières pistes de l’album le démontrent aisément : l’équilibre trouvé par les hélvètes permet au très bon « Eat Yer Brownie » puis à « Masal Eye » de se poser aux confluents des genres entre Long Distance Calling et Karma To Burn. Avec d’une part des qualités mélodiques évidentes mais également un groove stellaire qui fait clairement du bien par où ça passe (« Hog In The Fog »). Il y a de l’émotion au milieu d’une maestria formelle, de la technicité dans ces petites digressions prog’ et expérimentales qui font aussi le sel d’un album solaire au riffing magnétique et enivrant. Le groupe revendiquant le haut patronage du maître Frank Zappa, on trouve ci et là assez clairement cette dimension ‘libertarienne’ dans la musique d’un collectif qui a beaucoup de choses à dire et sait le faire sans jamais cesser de captiver son assistance.
Une œuvre qui devrait prendre certainement une autre dimension en ‘live’, mais qui déjà sur support CD trouve aisément son intérêt (« Bronko »), à la fois de part l’immersion qu’elle suppose dans l’univers d’un groupe qui sait parfaitement ce qu’il fait, mais aussi dans la fraicheur qu’elle apporte à des genres qui, ici passés dans le tube à essai des TKE, sont joliment dynamisés. Car au-delà de la simple hybridation rock à laquelle se livrent les suisses, il y a sur ce ‘Douze’-là les bases d’une griffe à développer dans les futures créations du projet (ce qui est d’ores et déjà prévu avec notamment des ‘scores’ de ciné-concert et des projections vidéos lors de ses concerts), histoire d’étendre un peu plus l’univers d’un groupe dont le potentiel n’est plus à questionner.
En l’état : pour un premier effort discographique, ’12’ marque la naissance d’un vrai groupe en devenir et à suivre de près.