Label : Argonauta Records // Init Records // Thrones Records // Tarturus Recordings,
Style : Doom/Sludge/Post-Metal
Quinze ans de carrière, quatre albums studio, un live et une petite flopée d’EPs et autres splits en compagnie notamment de Pyramido, Unearthly Trance ou encore Ultraphallus, les Suédois de SUMA sont de ces groupes à l’omniprésence discrète, de ceux dont on entend constamment parler sans toujours avoir le temps de se pencher sur leur cas, dont on voit tous les deux/trois ans le nom s’afficher sur la prog’ de notre festival de hard préféré et que l’on finit toujours par rater à cause d’un headliner incontournable ou pour un cours de poney. On ne va pas se mentir : erreur grossière. Mais rattrapable, d’autant que le dernier album du groupe (‘Ashes’, au passage réédité en 2015 déjà via Argonauta Records) datait quand même d’il y a six ans maintenant. De quoi laisser le temps de se pencher tranquillement sur leur travail.
Ne serait-ce qu’avec leur quatrième méfait discographique ‘The Order Of Things’, enregistré par ‘le grand maître du hard, mais pas que’ Billy Anderson (Fantômas, Neurosis, Mr Bungle, Swan, (The) Melvins, High On Fire, Sleep ou plus récemment Black Table et Labirinto) et sorti par le biais de plusieurs labels indé du vieux continent dont l’hyperactif Argonauta Records donc (Eyes Front North, Ephedra, NAAT, Otus, etc,..). Un disque également livré en co-production avec des structures respectées comme Init Records (AmenRa, Rosetta etc.) ou Thrones Records (FVNERALS) et qui démontre que, très bien entourés, les natifs de Malmö ont su pondre ici une œuvre magistrale à la lourdeur aliénante comme aux atmosphères embrumées par des effluves inexorablement hallucinées.
Un nouveau opus long-format signé des doomsters scandinaves qui, dès l’inaugural « The Sick present » puis l’imposant « Bait For Maggots », assomment leur auditoire armés d’un riffing obsédant et d’une section rythmique sentencieuse, ce tout en imprimant à l’ensemble cette dynamique anxiogène qui enserre la psyché de l’auditoire sans jamais pouvoir lui laisser la moindre chance de s’en libérer. SUMA est alors maître de son sujet, distillant son substrat sonore fait de rock lourd et de sludge/doom/metal magmatique avec un souci du détail permanent. De celui qui fera justement la différence entre un bon album et un excellent (« R P A »). Et comme chacun le sait, cette petite nuance – parfois au détour d’un long interlude ambient/drone/doom (« Being And/Or Nothingness ») – se cache dans les détails justement.
Que ce soit dans l’amplitude de son écriture noise, le soin apporté à une production qui met joliment en relief les motifs sonores esquissés par le groupe lors de ses pérégrinations doom/post-métalliques, ou encore son épaisseur sludge, ‘The Order Of Things’ réussit à peu près tout ce qu’il entreprend et livre alors un magistral « Education For Death », histoire de mettre définitivement le monde à ses pieds. Et comme l’album n’est pas encore terminé, il voit les SUMA en rajouter encore une belle couche au rayon ‘gras hyper-protéiné’, substances psychotropes et autres petites joyeusetés du genre (cf : « Disorder Of Things ») avant de parachever l’album sur un final-fleuve et ce « The Greater Dying » terminal aux plus de 12 minutes 30 secondes en forme de climax à la violence sourde mais libératrice.
Intense oui. Cathartique aussi. Indispensable surtout.