Label : Autoproduction
Style : Mathcore/Jazzcore
Aux confins de la folie nous susurre en substance le titre de ce premier album de Nerv, un disque qui en convoquant Converge, Dillinger Escape Plan, Daughters, Knut, Nostromo au titre d’influences revendiquées, se pose là et affiche le truc, mettant la courbe de risque assez haute. Parce qu’à ce petit-jeu, difficile de sortir du lot sans passer pour un fumiste, surtout quand tant d’autres se sont cassés les dents sur le sujet bien avant ces types-là. Mais pas ici. Car d’un point de vue strictement musical et créatif, cette ce quartet frenchy et relativement peu connu qui est Nerv (facile), maîtrise clairement son sujet.
Niveau visuel aussi. Faut dire qu’en confiant la réalisation de l’artwork à Mr.Dehn Sora (Treha Sektori notamment), il y a franchement peu de risque d’être déçu. Et en effet : le résultat est joliment à la hauteur des attentes. Finalement il n’y a qu’en terme de diffusion de sa musique que Nerv est un peu à la ramasse. Parce que bon, on se pose deux minutes et on analyse la problématique : un seul petit morceau qui tourne sur son Bandcamp et quasiment rien d’autre ailleurs sur la toile, c’est un peu léger pour un groupe à ce stade de développement et sans doute insuffisant pour le faire exploser réellement. Malgré les intrinsèques qualités artistiques du projet.
Parce que si Nerv frustre son auditoire potentiel et se coupe trop largement des gens susceptibles de le découvrir, le groupe n’y va pas avec des moufles dès lors qu’il s’agit d’expulser ce qu’il a en lui sur la platine. Soit un mathcore éruptif qui lui permet de cracher sa rage à la face de l’auditeur (« Cathars ») afin d’exprimer ce qui le tourmente, le ronge de l’intérieur, ces démons qui le « Tortures » et lui remuent les tripes. Avec le troisième titre de l’album « Catherine Deshayes » assume même encore un peu plus ses tendances pour les pulsions rythmiques qui giclent dans les enceintes par saccades violentes et le riffing définitivement abrupt, cinglant, terriblement accrocheur avec un titre qui met tout le monde a ses pieds.
Tout en ruptures émotionnelles et, en bons adeptes de la déconstruction sonore qu’ils sont, les Nerv (à vif, voilà ça c’est fait) rajoutent un saxo sur « Savonarole » histoire de donner à l’album une coloration jazzcore qui lui sied à merveille, ce, avant de repartir sur des bases plus « habituelles » avec un « Captive » qui éructe sa misanthropie avec une passion dévorante pour le chaos sonore. Exigeant oui mais moins complexe qu’il n’y paraît, ‘Vergentis in senium’ reste accessible pour peu que l’on soit sensible à ce mathcore viscéral et à tendance expérimentale qui crame à la fois les platines et nos dernières lueurs d’espoir en l’humanité. Un peu de nihilisme (« Martyr », « Suffer ») ne fait jamais de mal après tout.