Style : Grindcore / Powerviolence / Rock’n’Roll
Label : Nuclear Blast.
8 ans de silence et soudain… 17 minutes de furie pure, combinant brutalité et nuances métalliques inattendues. Tel est le programme d’‘Every Bridge Burning’, le nouveau brûlot discographique des terreurs de NAILS, marquant un retour fracassant du groupe sur la scène grindcore/power violence nord-américaine.
Todd Jones (chant et guitare) et sa nouvelle équipe, ici composée de Carlos Cruz (batterie), Andrew Solis (basse) et Shelby Lermo (guitare), livrent une performance explosive et l’on se doit de décerner une mention toute particulière à Cruz, lequel dynamise l’album avec des transitions rythmiques plus variées, tout en maintenant l’intensité féroce typique du groupe.
Dès son ouverture « Imposing Will », NAILS assène une attaque frontale en à peine 1 minute 22 d’une pure déflagration lestée de guitares abrasives évoquant le son Hm2 à la Entombed et apportant une texture granuleuse et crue, typique du death metal suédois. Parallèlement, Lermo et Jones superposent des riffs massifs tempétueux, tandis que la batterie de Cruz martèle sans relâche, créant une atmosphère chaotique mais maîtrisée.
Le chant de Todd Jones a lui aussi évolué sur cet album. Connus pour leur agressivité impitoyable, ses vocaux se sont enrichis d’une nouvelle profondeur : ses hurlements, toujours aussi mordant, s’accompagnent désormais d’une meilleure articulation et d’un côté plus tranchant, accentuant chaque mot avec une rage palpable. L’approche vocale plus maîtrisée donne à l’album une texture plus intense, tout en rendant chaque morceau plus compréhensible, ce, sans perdre leur impact initial.
Avec « Punishment Map », l’album ne relâche rien, offrant une minute de pure furie grindcore. en forme de véritable claque sonore. NAILS ferraille à la frontière entre violence brute et groove destructeur, ce qui renforce les riffs pesants et chaotiques, quand sur le morceau éponyme, il ralentit légèrement le rythme, adoptant un groove D-beat plus old-school qui contraste intelligemment avec la frénésie ambiante. Un titre qui se distingue par un groove hypnotique, renforcé par des guitares au son Hm2 et exploite des thèmes assez sombre comme la trahison et la solitude.
Le véritable bijou de l’album est sans conteste « Give Me The Painkiller » : un titre qui respire l’esprit Motörhead avec ses riffs rapides et son énergie rock’n’roll indomptable, tout en conservant la brutalité grindcore propre à NAILS. La rythmique évoque les courses endiablées de Lemmy, avec des guitares agressives et un solo mélodique surprenant qui renforce cette fusion rock’n’roll furieux et metal extrême fait de ce morceau une pièce maîtresse, démontrant la capacité du groupe à s’ouvrir à de nouveaux horizons sans perdre une once de son intensité.
Enfin, « No More Rivers To Cross », clôture l’album avec un riff lourd et doom, flirtant avec l’influence de groupes comme Autopsy. C’est la piste la plus longue de l’album, dépassant les trois minutes, et elle s’impose comme une véritable descente dans les abysses, où les guitares Hm2, plus pesantes que jamais, écrasent l’auditeur sous une atmosphère suffocante. Ce morceau clôture l’album sur une note à la fois apocalyptique et cathartique, symbolisant à merveille la rage implacable du groupe.
En somme, ‘Every Bridge Burning’ est une véritable démonstration de force. NAILS ne cherche pas à révolutionner le grindcore, mais à en repousser les limites en flirtant avec le doom, le D-beat et des éléments de rock’n’roll furieux. Ce disque incarne à la fois l’énergie brute et l’expérimentation audacieuse, consolidant leur place parmi les groupes extrêmes les plus influents du moment.