Label : Anti Records
Style : Post-black-metal/Shoegaze/Indie-Rock
Cinq ans après une démo inaugural foudroyante, les terreurs de Deafheaven ont fait bien du chemin. Deux albums absolument monumentaux (le sauvage ‘Road to Judah’ en 2011 puis l’immense ‘Sunbather’ deux ans plus tard) ont propulsé le groupe au rang de porte-étendard de la nouvelle scène ‘post-quelque-chose’. Et force est de constater qu’en matière de hard salement violent, mais pas que : les gaziers se posent là. Quelque part entre shoegaze-rock alternatif atmosphérique, post-rock ténébreux et black-metal cathartique car incandescent, le groupe tient là une formule d’une rare efficacité et n’a certainement pas fini de la sublimer.
Toujours est-il qu’une grosse demi-décennie après son irruption brutale sur la scène indé, Deafheaven est devenu grand. Déjà oui. Et n’a pas fini de ravager son auditoire. Encore. La dernière démonstration en date ‘New bermuda’, un nouveau-né forcément attendu au tournant par nos services, confirme sans sourciller tout le bien que l’on pensait du groupe. D’autant que pour ce troisième album, celui-ci a pris des risques en quittant le label de ses débuts (la valeur sûre Deathwish Inc.) pour rejoindre l’écurie Anti (Busdriver, One Day As A Lion, Sage Francis…), filiale de la mini-major Epitaph Records. Un choix pour le moins curieux en termes de ligne éditoriale, mais sans doute guidé par les impératifs de développement économique du groupe.
Dans l’immédiat, l’inaugural « Brought to the water» déboule dans les enceintes et après quelques minutes à prendre la foudre, l’auditeur réalise que rien n’a foncièrement changé dans la stratégie de Deafheaven. Encore moins dans sa musique et son approche créative, intrinsèquement basée sur le concept de vague déferlante qui submerge les tympans et le reste, sans jamais s’interrompre. Pour ensuite mieux brouiller les pistes et parvenir à ce qu’il recherche inlassablement : la naissance d’une émotion pure. Brute. Absolue. Fatalement dès ce premier morceau, DFHVN place le curseur suffisamment haut pour mettre le monde à genoux, entre bestialité féroce, raffinement ciselé et chaos technique parfaitement maîtrisé.
Rien qu’après un morceau, ce ‘New bermuda’ justifie son acquisition immédiate. Mais la suite n’est pas en reste pour autant et le groupe sort l’artillerie lourde sur le musclé « Luna », une grosse fessée post-métallique sur laquelle l’aboyeur en chef s’époumone jusqu’à s’en claquer les cordes vocales. Et accessoirement faire fumer les enceintes. Mais comme toujours… pas que. Le groupe réserve ainsi quelques jolis moments de finesse shoegaze/indide-Rock avant de s’enfoncer de nouveau dans les ténèbres d’un (post-)black-metal aussi déviant que sublime d’intensité. Quelque part entre Alcest et Envy, les Américains font encore très fort, tout en affirmant toujours plus cette personnalité artistique qui leur est propre.
On ne sait plus à quel sein se vouer et Deafheaven varie les plaisir (normal donc), que ce soit sur un « Baby blue » brutalement rock mais également bien subversif avec son riffing titanesque, ou « Come back » armé d’une intro doucereuse ne laissant pas forcément présager de la suite immédiate. Soit un véritable déluge de hard qui en met plein partout et cautérise les tympans, laissant ainsi l’auditeur chancelant jusqu’à ce que la seconde partie du morceau lui laisse le temps de reprendre ses esprits. Pour mieux affronter la cinquième piste de l’album : un « Gifts for the Earth » qui abat la carte du mélange des genres, à la fois iconoclaste et toujours un peu déstabilisant. Mais à l’image de ce qu’est Deafheaven : en évolution perpétuelle pour un résultat constamment imprévisible mais toujours bluffant.
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