Label : Pelagic Records
Style : Death/grind
Deux ans d’existence, un line-up désormais stabilisé (se sont notamment succédés au poste de démolisseur de fûts les batteurs d’Heaven Shall Burn et de Suffocation), une propension certaine à expulser une sauvagerie auditive par hectolitres et un efficace premier EP en guise de coup de semonce inaugural (‘Black knell’, 2014), tout était prêt pour que le trio Implore profite du deuxième semestre de l’année 2015 pour livrer avec ‘Depopulation’ sa profession de foi. Là forcément, il était quasiment écrit on n’allait pas se marrer longtemps.
Quatorze versets grindcore plus tard, expédiés en pleine face de l’auditoire avec l’énergie du désespoir et une furie absolue qui évoque sans avoir à rougir de la comparaison les grandes heures d’Entombed, Nasum ou Rotten Sound, Implore a besogné les enceintes comme il faut et on ne peut nier l’évidence : elles ont passé un sale quart d’heure. Mais façon aller-retour puisque l’album colle une double ration en s’offrant une belle demi-heure de pilonnage systématique des conduits auditifs. Du hard à tous les étages et une fessée maison qui laisse des traces. Sans interprétation à la con possible du texte.
Rayon production, confiée aux bons soins de Jan Oberg (Earthship), lequel a mis en boîte la bestiole au sein des studios berlinois Hidden Planet, rien à redire, le résultat est aussi puissant que brutal. Question technicité de pointe, c’est là aussi très propre, net et sans bavure, d’autant que le groupe ne se contente pas de tout donner dans le grindcore basique mais a aussi pensé à assaisonner l’album d’une belle dose de hardcore/crust qui fait mâle. Et parce que la tendance n’est plus au grind de papa, on trouve chez Implore des réminiscences de ce que l’on a déjà pu entrevoir du côté de Baptists, Nails ou Victims. Pas des peintres en la matière.
Surtout qu’en sus d’une efficacité redoutable, le trio parvient à éviter la redite, ce qui reste l’écueil évident pour ce type d’exercice, sans jamais relâcher la pression enserrant la gorge de sa proie. Entre violence éruptive et bestialité innommable, Implore taille dans le gras, cannibalise les amplis et dévore goulument son texte afin d’apaiser son irrépressible appétit carnivore. Sans une once de compassion pour ses victimes expiatoires.
La messe est dite.