Label : Music Fear Satan / Grains Of Sand Records

Style : Noise/Hardcore/Rock

Noir, maladif, angoissant car oppressant : ‘Bunt Auf Grau’ le troisième album des Frenchies de Revok, sorti début 2015 en CD/LP/ Digital via Music Fear Satan (HKY, Monarch, Year of No Light…) et K7 chez Grains Of Sand Records (Euglena, General Lee, Plebeian Grandstand…) ne prend pas vraiment de gants pour s’introduire délicatement en nous : alors on va en faire de même en sautant la partie introductive. Le cinq-majeur parisien est donc de retour aux affaires pressantes, quatre ans après le remarquable ‘Grief is my new moniker’ (lequel était paru quasiment quatre années aussi après l’imparable ‘Bad books and empty pasts’) et n’a vraisemblablement rien perdu de la verve noise-hardcore qui agitait ses précédents méfaits discographiques.

Plus frondeur, radical, punk et enfievré que jamais (l’inaugural « Old marrow »), le groupe pose d’entrée son sujet en y mettant les formes. Au travers d’une petite mine anti-personnelle qui nous explose à la gueule et en met fatalement partout sur et dans les enceintes. Sans concession. Les survivants qui sont encore là pour en parler peuvent en témoigner, Revok cogne d’entrée très fort et nous enserre la gorge pour ne plus réellement la lâcher. Que ce soit avec « Polluted ideas » terriblement contemporain ou un « Eroded mind » qui ne l’est pas moins, le groupe est décidé à s’exprimer sur ce qui le tourmente. En faisant cracher les instruments pour nous assumer à coups de riffs abrasifs et de frappes bien lourdes qui ne donnent jamais dans la retenue.

Noir et chaotique, pas mal porté sur le dépressif aussi, le rock bien burné et noisy des franciliens s’abandonne dans les atmosphères malsaines et obsédantes d’un « Dear worker » qui ne fait pas de détail. On flirte avec la mouvance black-metal mais le tout est emballé avec un esprit (et un accessoirement un tempo plus que soutenu) résolument (grind)-punk. Revok déboite tout sur son passage avant de se remettre à causer lourdeur fracassante, noise poisseuse, (post)-hardcore/rock de l’enfer qui ne peut décemment laisser indifférent et gros hard qui tâche. Cathartique et cautérisant tout ça à la fois (« Old marrow Part 2 »). Terriblement âpre et salement obsessif aussi. On valide forcément d’autant que le groupe n’en a pas terminé avec nous. On va le découvrir assez rapidement.

On pense à Breach forcément, à Dazzling Killmen aussi un peu ou leurs excellents compatriotes de Membrane, et tout ça une fois mixé dans le sani-broyeur (une fois passé l’intermède « Equilaterra »), donne un véritable manifeste de rock écorché-vif, sur-tendu et jusque-boutiste. Du genre qui marque les esprits par sa volonté de vouloir briser les codes (« Not weird ») et fracturer les rotules sans jamais céder aux poncifs et autres facilités pour imposer son propos. A la fois immersif et plutôt exigeant. Mais pas trop non plus pour peu que l’on soit un minimum ouvert d’esprit (« Perfection is a sin »). Lequel se retrouve une ultime fois retourné au terme d’un ultime assaut porté par l’éponyme « Bunt Auf grau », assez monumental dans son genre. A l’image de l’album.

Sans espoir, ni (la moindre) concession.

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A propos de l'auteur

Big boss/grand-mamamushi, God(e) ceinture et mite en pull-over. (je fais aussi le café et les photocopies)

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