Label : Neurot Recordings
Style : harsh-noise/sludge/doom/grind/metal/expérimental
Full of Hell vs The Body, soit une rencontre au sommet du hard plutôt extrême, orchestrée par l’écurie Neurot Recordings, le fameux label créé et géré par les membres de Neurosis, hébergeant ou ayant hébergé des groupes du calibre d’AmenRa, Isis, Ides Of Gemini, Shrinebuilder ou Ufomammut. Un album collaboratif en lieu et place d’un split plus « traditionnel », permettant au deux entités d’offrir avec ce ‘One Day You Will Ache Like I Ache’ un objet qui nous emmène assez loin dans les sphères d’une musique expérimentale à réserver aux initiés. Parce qu’on le précise, ce truc n’est surtout pas à mettre entre n’importe quel tympans.
Le risque de dommages irréversibles étant relativement important, il convient d’évoquer le cas des deux entités ici présentes sur cet effort particulier. D’un côté du ring, nous avons donc Full Of Hell, quartet américain spécialisé dans le grind vs harsh/noise vs hardcore/punk salement violent et plutôt productif (3 albums en sus de celui-ci, 6 EPs et une poignée de splits avec divers groupes dont Code Orange Kids le tout en seulement sept petites années d’existence). De l’autre, les ‘vraiment’ très prolifiques The Body : un duo sludge/doom/metal expérimental américain également, actif depuis une grosse quinzaine d’année et quasi devenu LE spécialiste de l’album collaboratif. Outre des disques courts ou longs-formats produits dans le cadre de leur seule entité (5 albums et 6 EPs), le duo a participé à cinq autres albums réalisés à plusieurs mains avec Braveyoung, Thou (2 efforts ensemble), Krieg et Vampilia. Sans compter 3 splits et une compilations de faces B. En clair, les deux groupes sont des machines à écrire de la musique. A tourner aussi. A faire mal, d’un point de vue strictement auditif, surtout.
Si bien que se faire vriller les conduits auditifs par les premières pistes audio de ce ‘One Day You Will Ache Like I Ache’ et par deux groupes qui savent y faire en la matière n’est donc pas une surprise : que ce soit avec le morceau-titre inaugural puis « Fleshworsk » ou « The Butcher ». Un chant atypique, une violence nihiliste qui suinte par tous les pores de ces premières pistes, des rythmiques résolument infernales et une oppression sonore quasi permanente, les deux entités érigent d’impressionnantes murailles bruitistes au travers desquelles on perçoit ci et là quelques ersatz d’émotions éparses. Une violence décharnée (« Gehorwilt »), des litres de brutalité dissonante crue (l’ironique « The world of hope and no pain » ou l’intransigeant « Himmel und Hölle »), quelques flirts avec la mouvance black-metal et une mécanique sludge/doom extrême particulièrement sentencieuse, il faut quand même s’accrocher pour encaisser tout cela d’une traite (« Bottled Urn », « The little death » et ses cinq minutes tout rond d’agression pure).
On l’a dit plus haut, on le répète : ce n’est pas une œuvre pour n’importe qui. Et le sextet de musiciens ici convoquées pour défigurer nos membranes s’en amusent, n’hésitant pas à alourdir la sauce avec deux dernières pistes, un diptyque féroce et implacable (« Caïn »/ « Abel ») qui ne fait toujours pas dans la dentelle, ni du reste de prisonnier. Extrême.
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