Label : ConSouling Sounds
Style : Post-Hardcore/Screamo/Sludge
Il y a de cela deux années sortait en toute (relative) discrétion un premier EP des Belges d’Eleanora, éponyme et composé de seulement deux petites pistes mais de fort belle facture déjà. C’était (trop) court, c’était (déjà) bon et cela méritait un approfondissement le temps d’un EP un peu plus long voire d’un véritable album en bonne et due forme. Par chance, c’est la deuxième hypothèse qui a été choisie par le groupe qui débarque aujourd’hui avec sous le bras cet « Allure » qui en a une plutôt très fière.
Quelque part entre AmenRa, Botch, Converge et autres Rise And Fall pour citer pêle-mêle les références aisément identifiables, le groupe livre ici un album long-format, chez le toujours très recommandable label de leurs compatriotes ConSouling Sounds (AmenRa, Inwolves, OVTRENOIR, The Black Heart Rebellion etc,…). Et les Belges rendent justice à leurs influences revendiquées avec un « Menis » inaugural, tout en éruption sludge/post-hardcore viscérale et frontalement cathartique. Le choc est violent et le groupe pose là une grosse mine sur la platine avec onze minutes tout rond d’une déferlante de haine, à la rythmique aussi aliénante qu’addictive.
Si ce premier morceau offre également quelques passages très légèrement plus apaisés, on ne va pas se mentir, il se fait avant tout l’écho d’un torrent d’émotions décharnées qui ensevelisse l’auditoire sous quelques wagons de riffs post-HxC et métalliques venus noircir un peu plus le tableau. Parce que question gaîté et joie de vivre, autant que dans le cas présent, on repassera une autre fois, le groupe se plaisant à déstructurer lentement mais inexorablement les constructions habituelles du genre pour proposer sa lecture du sujet : sauvage et cathartique (« Sovereign in mind, subjected in kind », « My scepter, sword of vengeance »).
Nihiliste, sans concession, Eleanora assène ses coups et poursuit inlassablement son œuvre, entre screamo racé, sludge pesant et post-hardcore/rock rampant. La tension émotionnelle à trancher au cran d’arrêt en plus. Il y a chez les belges – à défaut d’une originalité folle – une jolie maîtrise du sujet, une intégrité féroce et une urgence qui se traduisent par des compositions aussi longues (« Telos », fait ainsi ses seize minutes et des poussières) que mouvantes et organiques. Jamais l’ennui ne vient donc montrer son museau sur cet album flirtant par instants du côté de la mouvance black-metal et qui au final et par un habile petit mélange des genres parvient à livrer une œuvre à l’incandescence brutale et à l’élégance cendrée que l’on ne peut que saluer. Les tympans ensanglantés.