Label : Party Smasher Inc. // Sony-BMG // Sumerian Records
Genre : Mathcore/Rock/Metal
‘One of us is the killer’ : tu lis le nom de l’album, tu comprends déjà ce qu’est le cinquième album des tueurs de Dillinger Escape Plan. Car si rien que le titre annonce une fessée taille patron claquée par les empereurs du mathcore (et pas que…), son dépeçage en règle confirme la tagline qui lui sert de patronyme.
Et pour cause, d’entrée de jeu, DEP, passe à tabac son auditoire avec un « Prancer » inaugural gorgé d’une sève corrosive qui suinte liitéralement par tous les riffs de cet album taillé pour faire brutalement mâl(e). Exit Season of Mist qui s’était chargé de sortir un ‘Option paralysis’ faisant difficilement oublier ‘Ire Works’, cette fois, le groupe a pris les choses en main et financé de sa propre poche ce nouvel opus via son propre label (également plate-forme communautaire de diffusion indé) : Party Smasher Inc. Question distribution, celle-ci est confiée aux bons soins de BMG et Sumerian Records selon les continents. En clair, l’affaire a été réglée comme du papier à musique.
Un retour à l’indépendance doublée d’une expérience salutaire. « When I lost my bet » ironise avec son sujet quand le morceau-titre de l’album confirme ce que l’on pressentait : entre accélérations empreintes de frénésie incandescente, riffing sauvagement décharné et ruptures de rythmes brutalement terrassantes, Dillinger Escape Plan ce qu’il sait faire de mieux. Du hard, du rock sauvagement burné, appuyé par une technique hors-norme et un charisme titanesque.
Poussées de fièvres primales, passages jazz/pop/organiques parsemés ci et là à la façon d’Mike Patton échappé de Peeping Tom (la ressemblance est par instants troublante), incursions rock reptiliennes qui viennent insidieusement prendre le contrôle des opérations, mélodies ravageuses…, DEP assure comme jamais.
Exhalant un magnétisme aliénant porté à ébullition par des instru sublimes d’intensité mathcore, le groupe fait à peu près ce qu’il veut entre chacune de ses exécutions sonores parfaitement planifiées (« Hero of the soviet union ») et, tout au long des onze titres que compte ‘One of us is the killer’, respecte au quart de soupir près, les codes d’une musique follement maîtrisée d’un point de vue technique mais également d’un efficacité redoutable.
Titres abrupts aux propriétés addictives effrayantes (au hasard « Nothing’s funny » ou « Paranoid shields »), boxon sonore rationnellement déstructuré (l’explosif « Understanding decay »), Dillinger Escape Plan touche encore une fois à tout mais ici, la mixture est plus aboutie que jamais. Surtout que le groupe d’additionne à sa fougue mathcore athlétique que l’on qualifiera d’habituelle chez eux (« CH 375 268 277 ARS »).
Et quand il s’agit de mettre un peu de côté les fulgurances jazzy, tentatives pop et autres textures rock subversives, c’est pour expédier des brûlots purs et durs en travers de la platine. Façon sniper (« Magic that I held you prisoner » dont les lignes instrumentales inflammables ne calment pas les ardeurs mélodiques) ou en architectes du chaos sonore sur « Crossburner ». Le tout, avant que les riffs de « The threat posed by nuclear weapons » ne giclent en saccades discontinues sur les amplis, déversant leur féroce diatribe tout en décibels concassés et mettant en pièces détachées les dernières poches de résistance.
En clair, les américains donnent très exactement à l’auditeur ce que celui-ci était en droit d’attendre d’eux. Comme tous les groupes qui se sont empressés d’essayer de les copier depuis des années. Sauf qu’eux le font évidemment mieux. Un disque âpre et sans concession, dopé par une inventivité et une maestria formelle sidérante. Mais plus que ça encore : un grand album. Et un plan qui s’est donc déroulé sans accroc.