Label : Rise Records

Style : Rock/Punk/Post-Hardcore

17 années d’absence discographique entrecoupée d’une éphémère reformation entre 2011 et 2012 avant un retour plus concret à partir de 2014 et 2015, ce malgré des relations toujours un peu compliquées entre certains de ses membres (dont Cedric Bixler-Zavala, Omar Rodriguez-Lopez et Jim Ward, ce dernier quittant d’ailleurs le groupe quelques temps plus tard…), At The Drive-In est finalement revenu aux affaires. Si bien qu’après quelques petits changements internes, le groupe a stabilisé son line-up autour du duo Bixler-Zavala/Rodriguez-Lopez avec Paul Hinojos (The Mars Volta, Sparta), Tony Hajjar (Sparta) et le nouveau-venu Keeley Davis (Engine Down, Denali, Glös, Sparta..) venu remplacer Ward démissionnaire.

En 2014, nous nous sommes retrouvés, nous avons passé beaucoup de temps ensemble à créer de nouveaux morceaux. Nous avons beaucoup évolué entre-temps et il nous fallait retrouver nos racines. Puis en octobre 2015, nous avons decidé qu’il fallait absolument que nous sortions un nouveau disque. (Tony Hajjar)

Quelques mois plus tard, le groupe s’offre une tournée mondiale et de une flopée de concerts en Amérique du Nord jusqu’au Summer Sonic Festival japonais en passant par le Roskilde danois et des dates en Australie puis se retrouvent à jammer en Corée du Sud et se met à débuter les sessions d’enregistrement d’un nouvel album en retrouvant les méthodes de travail de ses débuts et les ‘contraintes’ qui les accompagnaient. Même si certains pourront gloser sur le fait que le groupe ait pu surfer sur la mode – toujours plus importante – des reformations provoquées par la grande tendance au revival massif des groupes cultes des 90’s et/ou du début des années 2000, un nouvel album d’ATDI était donc en chantier.

Nous étions déterminés. C’était un vrai défi, cela signifiait sortir de notre zone de confort, mais rien ne résiste à la volonté de cinq types et des amplis poussés à fond. (Cedric Bixler-Zavala)


Près d’un an et demi plus tard et quelques extraits audio extrêmement prometteurs, c’est via Rise Records (Gone Is Gone, Hot Water Music) que sort – ‘in•ter a•li•a’, un album qui déboule la fleur au fusil avec l’explosif « No Wolf Like The Present » et s’offre un véritable rollercoaster (« Continuum ») alternative-punk aux relents post-hardcore qui renouent avec la fougue juvénile des grandes années du groupe (« Tilting At The Univendor », « Pendulum In A Peasant Dress »). L’énergie rock brute est indéniable et le songwriting, certainement plus aiguisé qu’attendu, en témoigne les deux petites bombes que sont « Governed By Contagion », porteur d’un véritable message à visée politique ; ou « Incurably Innocent » plus sociétal et révolté, emporté par une tension permanente et un riffing des plus acéré.

Cette chanson parle des abus sexuels, notamment sur les enfants, et de la difficulté d’en parler (Cédric)

On l’a compris : sur scène comme sur disque, At The Drive-In se paie un retour qui ne fait pas vraiment semblant. Alors certes, on n’est peut-être (certainement…) pas encore au niveau du cultissime ‘Relationship Of Command’ (2000), mais on ne va pas se mentir, d’une part on n’en attendait pas tant, mais d’autre part, le cinq-majeur d’El Paso sait encore expédier dans les tuyaux des titres solidement usinés et parfaitement fuselés. Des compositions infusées à l’alternative-rock et au punk dopé par ce zeste de tension post-hardcore 90’s (« Call Broken Arrow », « Holtzclaw ») en sus de mélodies tendues et furieusement accrocheuses. Le tout est joliment mis en valeur par la production de l’album – co-signée par Omar lui-même et Rich Costey (Santigold, Sigur Ros) – qui porte de fait clairement la griffe ATDI, jusque dans son titre assez inattendu.

‘in•ter a•li•a’ vient du latin « entre autres choses » et représente un aperçu de notre vie actuelle et de la direction inévitable que nous prenons. Parce qu’on devrait peut-être arrêter de regarder sans cesse en arrière ou ce qui ne va pas et se concentrer d’avantage sur la jeune génération. Le vrai problème aujourd’hui est planqué sous des couches de bureaucratie et de paperasse. On n’est pas obligé de l’accepter. (Cedric)

Si le groupe avait pu lors de sa première reformation accepter un come-back des plus lucratifs (cela n’a rien de particulièrement honteux en soit, même si pas très punk), il démontre cette fois avec ce nouvel album qu’il n’a pas perdu grand chose de sa verve ; et au détour de titres comme « Torrentially Cutshaw », « Ghost –Tape N°9 » et son roove ténébreux ou le très classe « Hostage Stamps » terminal, qu’il en a encore des choses à dire. Et pas qu’un peu..

Pour moi, c’est comme traverser un couloir dans un ghetto déchiré par la guerre et reconnaître tous les signes d’un destin affreux. Il faut rester à l’écouter afin d’entendre l’énergie de la jeunesse. (Cedric)

Rock et punk, définitivement.

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A propos de l'auteur

Big boss/grand-mamamushi, God(e) ceinture et mite en pull-over. (je fais aussi le café et les photocopies)

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