Label : Heart of the Rat Records / This Charming Man Records
Style : Sludge-Rock/Noise
A l’heure de livrer son premier méfait discographique, le power-trio germano-australien (mais basé à Berlin) Heads. a décidé de frapper fort. Très fort même. Six titres monstrueusement racés à écouter à haut volume, produits avec la délicatesse d’un bûcheron enragé pour donner ce côté à la fois brut de décoffrage et dans le même temps d’une limpidité extrême : l’album inaugural de ce groupe, biberonné au son des Shellac et The Jesus Lizard, est un véritable coup de force.
Et pour cause : d’entrée de jeu, « A mural is worth than thousand words » prend d’assaut les enceintes et impose sa griffe musicale. Un sludge-rock supernoïsique et obsessif qui ne se fait pas prier au moment de marquer son empreinte dans la psyché de l’auditeur. Le résultat est incommensurable lourd, puissant et aliénant à tel point que chaque riff vient s’enfoncer un peu plus profondément dans les amplis alors que la tension se fait de plus en plus palpable. On encaisse les coups.
Un seul titre et Heads. (qui pour l’anecdote compte un membre de The Ocean en son sein) met déjà les compteurs dans le rouge. Pas de chance pour les sensibles, la suite ne va pas relâcher son emprise : entre un « Chewing on kittens » habité et vénéneux qui rampe le long de l’échine pour enserrer sa proie ; et un « Skrew » qui abat sa carte noise-rock enfiévré et ténébreux avec la classe des grands. A la moitié de l’album, le groupe se révèle déjà indispensable. Et ce n’est pas fini.
Car en plus de ses atouts intrinsèques évoqués plus haut, Heads. joue également avec l’intensité émotionnelle de sa musique, ombrageuse et viscérale, laquelle vient se poser en écorchée vive pour dialoguer avec l’âme de son auditeur. Mais pas que. Se faisant également lancinante (« Black river »), sans jamais perdre de sa force, à la fois abrasive et labyrinthique (« Foam »), l’œuvre du trio gagne un peu plus de corps à chaque nouvelle écoute.
Surtout que s’il semble s’être assagi le temps d’un dernière titre (« The Voynich Manuscrit »), le groupe démontre au fil de ce morceau terminal lorgnant du côté d’un sludge/noise grunge à double tranchant qu’il n’est pas encore décidé à rentrer dans le rang. D’autant que la production de la bestiole, signé Jona Nido (Coilguns, Closet Disco Queen…) met le tout en relief parfaitement comme il le fallait. Décidément imparable, définitivement (très) classe.
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