Label : Party Smasher Inc.
Style : Rock
Projet au long-cours annoncé dès 2011 sur la toile, Giraffe Tongue Orchestre est, du moins sur le papier, l’un des super-groupes les plus excitants parmi la flopée de collaborations diverses et variées annoncées depuis bien des années au rayon rock ou metal. Jugez plutôt : Ben Weinman (Dillinger Escape Plan), Brent Hinds (Mastodon, West End Motel), Peter Griffin (Dethklok), Thomas Pridgen (ex-The Mars Volta, Suicidal Tendencies, Trash Talk…) et William DuVall d’Alice in Chains réunis pour un casting cinq étoiles auquel on peut ajouter les participations – au fil des années et des nombreux changements ayant accompagné la gestation un peu compliquée du groupe – l’actrice et musicienne Juliette Lewis (Juliette & The Licks) ou encore Jon Theodore (ex-The Mars Volta, One Day As A Lion, Queens Of The Stone Age…). On le redit : sur le papier, ça calme.
Mais forcément, avec un tel pedigree Giraffe Tongue Orchestra (ou GTO pour les intimes) ne pouvait être qu’attendu au tournant et sur ce premier album intitulé ‘Broken Lines’, annoncé il y a plusieurs années et enfin sorti en 2016 chez Party Smasher Inc. – soit le label fondé par les membres de Dillinger Escape Plan – on allait voir ce qu’on allait voir. Sauf qu’une fois la galette enfoncée dans le mange-disques, le résultat est un peu éloigné des prévisions initiales on va dire… Car on ne va pas se mentir, si l’inaugural « Adapt Or Die » envoie du gros rock efficace comme il faut du point de vue de son riffing ardent et d’une section rythmique qui mène la danse à une cadence des plus soutenue, le chant pose (déjà) problème. Comme les mélodies et plus généralement le songwriting un peu bancal. Passe encore sur un premier titre mais le single qui suit (à savoir « Crucifixion »), conforte l’auditeur dans sa première impression, à savoir que cela joue vite et plutôt bien. Mais qu’il y a un énorme problème avec le chant. Et que c’est rapidement rédhibitoire. Pire encore cela ne va pas vraiment s’arranger.
On comprend la démarche old-school et vintage d’un rock infusé à la production bien soignée et signée Steve Evetts (Every Time I Die, The Dillinger Escape Plan, Poison The Well, etc…), l’énergie mise dans l’entreprise comme son savoir-faire, des plus irréprochables d’un strict point de vue formelle. Mais la grandiloquence crasse de l’ensemble et une écriture qui part dans tous les sens sans jamais réellement arriver nulle part (« No One Is Innocent » est particulièrement raté alors qu’il y avait quelque chose à faire pour peu que le groupe ait eu une direction créative précise). Et si ponctuellement Giraffe Tongue Orchestra arrive bien à sauver ce qui peut encore l’être, le chant vient foirer le truc dans les grandes largeurs alors que l’on tenait sans doute un potentiel (très) bon titre plutôt bien foutu (« Blood Moon »). Il y a bien ce groove incendiaire qui claque comme il faut mais aussi des parti-pris douteux (un « Fragments & Ashes » catastrophique, un « Back To The Light » sympathique mais poussif, un « All We Have Is Now » désespérant..) voire carrément grotesques par moments (« Everyone Gets Everything They Want » ou « Thieves And Whores » virent au grand n’importe quoi > si le comité du bon goût passe par là hein…).
Un casting dingue (on peut d’ailleurs ajouter qu’Eric Avery de Jane’s Addiction à fait lui aussi ponctuellement partie de l’aventure, sans doute avant de se dire que les conneries ça allait bien jusqu’à un moment…), un label capable de pousser le ‘truc’ dans les meilleurs conditions, une attente forcément bien légitime mais au final trop peu de choses qui fonctionnent réellement… d’ailleurs on ne les a pas vraiment trouvées. Ni d’ailleurs la recette foireuse qui a pu faire d’un projet aussi potentiellement excitant, un truc aussi honteusement raté et ridicule que son patronyme (là c’était volontaire à la limite, pas sûr que l’album le soit autant). Bref, GTO est bien ce genre de projet où l’on ne sait ni ce que le groupe fait exactement, ni-même ce qu’il a voulu faire au départ. Et ça, c’est quand même plutôt rare.
PS : par contre, on comprend mieux que les gaziers aient autant limité les sessions de stream intégral et se soient bornés à diffuser massivement les deux clips présents dans l’article : ce sont les titres les moins ratés de la bestiole.
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