Label : Deathwish Inc.
Style : Dark-Folk/Americana/Rock expérimental
Il y a maintenant trois petites années de cela, G.Hirsch, vocaliste du quartet hardcore/punk de Philadelphie Blacklisted sortait via Deathwish Inc., le label de son groupe mais également de toute une flopée de pointures (Converge, Touche Amore…), un disque solo inaugural sous le pseudonyme de Härm Wulf. On se alors devait de reconnaître que le bonhomme derrière le micro, mais également à la guitare et l’harmonica, s’était échappé, pour un temps tout du moins, du serail hardcore qui était jusqu’alors le sien avec un ‘There’s Honey In the Soil So We Wait for the Till…’ (merci la fonction copier-coller) d’excellente facture.
Bande-son crépusculaire retraçant l’errance noctambule d’un songwriter pas mal torturé, à la recherche de ses propres tourments intérieurs, ‘Hijrah’ – c’est le titre du deuxième disque de ce projet solo qui ne l’est plus tout à fait (deux musiciens Jon Nean (Blacklisted, oui logique!…) à la basse et Arthur Rizk (Prurient) derrière les fûts étant venus lui prêter main-forte en studio) – se meut habilement entre americana très noire, dark-folk lourd et magnétique et rock expérimental obsédant (« Descent, I’ve been waiting », « Matryoshka »). L’ensemble, baignant dans des atmosphères pas vraiment joyeuses, n’en reste pas moins enveloppé par son auteur/compositeur d’un joli voile d’élégance racée.
Esquisses mélodiques qui viennent se briser sur l’autel des illusions perdues de son chef d’orchestre, lignes harmoniques se faufilant entre ses propres fantômes pour (re)trouver la lumière, le tout étant balayé par la voix légèrement étouffée mais terriblement charismatique de G.Hirsh, ‘Hijrah’ agrippe, accroche, fascine (« Put the kettle on (They’ve all gone away »), « Stray Dog »), sans jamais cesser d’avoir bien des choses à dire. Car avec ce deuxième album, Härm Wulf semble vouloir poursuivre son exploration de l’autre-Amérique : celle profonde que l’on ne voit que rarement. De fait, ses compositions sont autant d’instantanés en forme de témoignages fugitifs que l’on entre-aperçoit à travers l’esprit du musicien.
Une série de photographies sonores qui sont aussi le récit d’une traversée de ce pays immense et des émotions qui en sont ressorties (« Warm Snow », « Survivor Guilt »), à la fois belles et désenchantées, tourmentées et lumineuses, ombragées et personnelle, qui parle à l’intime (« Welcome home our sister »). Le deuxième album d’Harm Wülf est une œuvre noctambule, à la beauté troublante et incertaine (« Hiss/Hum »), mais invitant l’auditeur à l’immersion dans l’esprit d’un songwriter particulièrement doué. Afin de se voir renvoyer le reflet de ses propres ombres…