Label : Ipecac Recordings / Three One G Records
Style : Thrash/Metal/Crossover
Supergroupe thrash/metal/hardcore fondé à l’initiative de Justin Pearson (Head Wound City, The Locust, Retox) et de Dave Lombardo (ex-Slayer, Grip Inc., Fantômas), tout deux accompagnés de Mike Crain (lui aussi membre de Retox), Dead Cross voit officiellement le jour dans le courant de l’année 2015, Gabe Serbian (the Locust, Head Wound City, ex-Retox,…) occupant alors le poste de vocaliste. Un line-up avec lequel le groupe enregistre ses premiers titres et en met même en ligne avant de finalement se rétracter et de mettre fin à sa collaboration avec Serbian, ce qui ne laissait pas augurer grand chose de bon… jusqu’au moment où le groupe a annoncé l’arrivée de l’inénarrable Mike Patton en son sein. Oui LE Mike ’10 000 projets’ Patton (Faith No More, Fantômas, Lovage, Mr Blungle, Tomahawk, Peeping Tom, Nevermen, etc.).
Quelques semaines de travail plus tard (Patton a écrit ses propres lyrics), le groupe enregistre aux côtés d’une pointure, en l’occurrence Ross Robinson (At The Drive-In, Glassjaw, KoRn, Machine Head, Sepultura…) et met ainsi en boîte son tout premier album long-format, éponyme et qui voit le jour conjointement via Ipecac Recordings (le label co-fondé par Mike Patton…) et Three One G Records, géré par Justin Pearson, histoire de rester « en famille ». Un disque qui démarre sans trop réellement convaincre (« Seizure and Desist » et « Idiopathic »), se contentant de pratiquer un thrash/metal en pilotage automatique, tout en s’abstenant clairement de forcer son talent, avant de monter en puissance et de faire grimper la qualité de quelques crans. On passe alors à un crossover métallique et un tantinet hardcore qui claque un peu plus dans les enceintes avec un vocaliste qui se lance peu à peu dans les ‘Pattoneries’ vocales dont il a l’habitude afin de donner un peu plus de sel à un album gagnant sérieusement en efficacité.
Même parti-pris artistique = même effets pour la suite qui avec un « Shillelagh » bien foutraque ou un « Bela Lugosi’s Dead » (une reprise de Bauhaus) qui joue avec les effets de style pour un résultat, qui comme son titre l’indique, fait référence au cinéma d’horreur classique à coups de bizarreries métalliques dont seul Patton a le secret. Et comme il est accompagné par des musiciens de classe mondiale (Dave Lombardo n’a pas se fouler pour livrer une performance qui en mette plein la tronche à la concurrence), ce premier album trouve sa pleine mesure en même temps que le groupe affirme un peu plus sa personnalité créative (« Divine Filth »). Et se transforme en un joyeux bordel sonore thrash-punk qui barbouille la platine de décibels expédiés évidemment sans complexe par une bande de musiciens émérites qui se sont apparemment fait bien plaisir. Quitte à pousser le délire et le discours assez loin histoire de ne pas retenir leurs coups (l’excellent « Church Of The Motherfuckers »).
Une belle volée de titres, concis, secs et tranchant qui claquent comme des coups de trique (« Grave Slave », « Gag Reflex »), un album à la fois compact et plutôt brut qui s’enfile en moins d’une demi-heure (28 minutes et des poussières seulement) : sur une base référentielle assez aisément identifiable (on retrouve ci et là de petites choses qui rappellent forcément Faith No More, Fantômas ou… The Locust), Dead Cross s’arme d’un riffing bien clinquant et de motifs rythmiques évidemment maîtrisés en sus d’un charisme vocal de patron. Sans surprise certes et malgré un petit retard à l’allumage, une oeuvre plutôt bien troussée dans son genre et qui fait plutôt du bien par où ça passe. Les esprits chagrins argumenteront (à raison ?) qu’avec un tel casting, on était put-être en droit d’attendre encore mieux ; ou même un chef-d’oeuvre mais gageons que ce sera pour le prochain…